Nous pouvons en effet constater une augmentation considérable des effets néfastes des changements climatiques sur les clientèles en situations de vulnérabilité avec lesquels nous travaillons sur le terrain. Les populations qui accumulent les facteurs de risques, tels que la pauvreté, l’itinérance, l’utilisation de substances (Alcool, drogues), une santé mentale et physique précaire ou accumulant les comorbidités, un âge avancé, etc., sont directement affectées par ces changements. Tout comme avec la situation actuelle du Covid-19, nous pouvons constater que les conditions météorologiques, qui peuvent être notamment dû aux réchauffements climatiques, révèlent des inégalités sociales marquantes au sein de ces populations vulnérables. Dans la ville de Québec, les statistiques tenant compte de certains déterminants sociaux en provenance de la direction de la santé publique indiquent que l’espérance de vie est grandement inférieure dans certains quartiers.

 Les canicules en sont un bon exemple, qui ont chaque année un impact direct et majeur sur les personnes vulnérables. Certaines personnes vivant dans des squats ou dans des campements de fortunes ont difficilement accès à des points d’eau potable, la distribution de bouteilles d’eau devient donc prioritaire. De plus, nous observons une augmentation considérable du nombre de surdose en période de canicule. Ainsi, les personnes étant dans une situation précaire ne sont pas ou sont que peu outillées à faire face aux situations de changements climatiques. En situation de canicule, certaines interventions courantes, telles que la recherche de logement ou la création de budget, peuvent être cessées ou diminuées pour laisser place aux interventions prioritaires relatives à la canicule. Les interventions telles que la distribution de bouteilles d’eau, la prise en charge de personne ayant fait des malaises, des insolations ou encore des overdoses dû à la chaleur intense, etc., deviennent de ce fait prioritaire.

Le réchauffement climatique entre donc en ligne de compte comme facteur aggravant. Les personnes vulnérables, ayant déjà des situations de précarité, sont plus en difficulté lorsqu’il est temps de faire face aux situations de crises ou de bouleversements. De plus, ces individus peuvent être sujet au profilage, que ce soit au niveau social, raciale ou politique, ce qui rend les situations de crise climatique plus difficile à affronter pour eux, étant donné l’exclusion à laquelle ils sont préalablement sujet.

Les interventions de préventions/sensibilisations au sujet de comment faire face à une canicule n’étaient pas nécessaire et n’existaient pas il y a quelques années de ça au sein de ma profession. Aujourd’hui, chaque fois qu’une alerte de santé publique est émise au sujet d’une condition climatique, telle qu’une canicule, nous devons intervenir immédiatement afin d’aider les gens à s’y préparer.

Il est à noter que ces perturbations au niveaux climatiques ont aussi un impact sur les intervenants travaillant sur le terrain. En plus de souffrir eux-mêmes de la chaleur, ils sont confrontés à des réalités de plus en plus difficiles au quotidien ainsi qu’à une demande de services qui est en constante croissance. Il est plus que nécessaire d’adapter, baliser et de mettre en place des mécanismes supplémentaires, en plus de bonifier ceux déjà existant, afin d’amoindrir les effets indésirables des changements climatiques sur les populations vulnérables, car c’est une réalité à laquelle nous sommes maintenant tous confronté. Cependant, la meilleure solution serait évidemment la mise en place d’actions réelles et concrètes en amont pour diminuer voire cesser le réchauffement climatique d’origine anthropique. 

Un intervenant sociocommunautaire

Région de Québec

09/07/2020