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Émilie Laguerre

Directrice générale, Équité, Diversité et Mobilisation de Radio-Canada

Émilie Laguerre : une anthropologue, plus que jamais

Émilie Laguerre (FAS anthropologie 2009 et FEP communication appliquée 2012) rêvait depuis toute jeune de travailler à Radio-Canada. Elle en est maintenant la directrice générale, Équité, Diversité et Mobilisation, et c’est son baccalauréat en anthropologie qui a attiré l’attention, jumelé à son expertise indéniable, à sa personnalité attachante et à son engagement soutenu dans la collectivité. 

Des plus curieuses, Émilie Laguerre était tentée par maintes passions pour ses études, dont pour les arts, l’histoire et l’archéologie. L’anthropologie a finalement émergé du lot pour assouvir son désir de connaître et comprendre : « La formule du baccalauréat de l’Université de Montréal (UdeM), avec ses 4 spécialisations (archéologie, bioanthropologie, ethnologie, ethnolinguistique), m’a permis de papillonner entre ces disciplines. »

Elle qualifie son expérience universitaire des plus belles années de sa vie, autant en ce qui a trait aux apprentissages qu’aux gens qu’elle y a rencontrés et qui lui ont enseigné. Plusieurs professeures et professeurs ont marqué significativement son passage à l’UdeM, voire façonné sa vision du monde, notamment Michelle Drapeau, Bob W. White, Pierrette Thibault et Jean-Claude Muller.

« C’est à travers le savoir de ce dernier que j’ai ressenti pour la 1re fois ce qu’était le choc culturel, les 2 pieds dans la classe, énonce-t-elle. Il était tellement un bon conteur qu’on l’a vécu sans même voyager. » Fille d’un immigrant haïtien et d’une mère québécoise, elle reste en outre habitée par le cours sur les religions et spiritualités africaines du chercheur invité Lomomba Emongo : « Il a partagé avec nous des savoirs rares et exclusifs qui ont eu une grande incidence sur ma propre identité et sur ma perception du monde. »

Une compréhension holistique du comportement

Qu’il s’agisse d’esprit critique, d’ouverture au monde, de dynamiques interculturelles, d’analyse holistique du comportement humain, elle évoque que son bagage en anthropologie est la clé de son développement.

Elle a transposé ses acquis tout au long de son parcours qui l’a d’abord menée à Renaud-Bray pendant plus de 13 ans. Elle a commencé comme analyste en marketing, puis gravi les échelons jusqu’au poste de directrice, marketing et communications par son leadership authentique, sa passion communicative et sa vision 360 pour y finir directrice marketing et communications. Autant pour la suggestion ou la promotion de livres que dans ses relations avec les partenaires ou collègues, elle considère avoir porté son chapeau d’anthropologue : « Bien comprendre le comportement humain m’aidait à déterminer les tendances, par exemple quelle œuvre culturelle fonctionnerait mieux dans la saisonnalité. »

Un tremplin inouï à Radio-Canada

Comme plusieurs personnes, la pandémie de COVID-19 l’a menée à se questionner sur son avenir. Pendant cette période d’introspection, un ancien collaborateur, Donald Lizotte, publie une offre d’emploi à Radio-Canada de directrice, marketing et communications d’affaires. Elle décide de tenter sa chance.

« Son choix s’est entre autres arrêté sur moi pour mon bagage en anthropologie, car il cherchait quelqu’un avec une vision différente », exprime-t-elle. Sentant qu’elle avait cette volonté et cet intérêt par rapport à la saine représentativité dans les médias, il lui a ouvert plusieurs portes. Elle s’est donc retrouvée porte-parole de l’équité, de la diversité et de la mobilisation dans son secteur, épaulant la directrice générale en place à cette époque, Yolande James. Lorsque cette dernière a quitté la société d’État, les collègues d’Émilie l’ont motivée à postuler pour ce rôle fait pour elle, selon leurs dires.

Appliquer les apprentissages au quotidien

Depuis, elle a l’impression d’être plus anthropologue que jamais : « J’applique quotidiennement ce que j’ai appris à l’université – les nuances, le vivre-ensemble, les relations humaines, les réactions, le choc interculturel, de valeur ou de pensée, le rapprochement entre les collectivités, les changements de perspectives… »

Et elle est très fière de constater le travail d’équipe réalisé dans les dernières années pour assurer une plus grande représentativité dans les médias. Elle est d’autant plus stimulée par les témoignages reçus de gens qui ont visionné, par exemple, Lakay Nou, et se sont reconnus, même au-delà de la communauté haïtienne : « La petite Émilie que j’étais aurait beaucoup aimé avoir accès à une telle série. Ça m’aurait conforté, dans le sens où, si je me vois à l’écran, j’existe. » Travailler dans cette voie rejoint parfaitement ses valeurs.

Cultiver la joie

D’ailleurs, vouloir changer les choses pour le bien commun fait partie de ses valeurs depuis longtemps. Dès l’université, elle s’impliquait dans l’association étudiante dans cette optique. Maintenant membre des conseils d’administration de Mission inclusion, des Ateliers Speech et des Éditions 400 coups, elle s’énergise par les heures passées à soutenir ces organismes.

Celle qui n’aurait pu imaginer devenir directrice générale, à 37 ans, à Radio-Canada, se pince encore d’occuper ce poste. Par cette humilité qui la caractérise, elle conseille à la relève de s’investir, de prendre des risques, de ne pas s’arrêter aux premiers échecs, de demander de l’aide, de poser des questions, d’observer et d’analyser, faisant encore une fois ressortir des traits de son parcours anthropologique.

Son mot d’espoir pour la prochaine génération? Cultiver la joie. « Les gens associent beaucoup l’équité, la diversité et l’inclusion à une charge émotive. Il est vrai que plusieurs aspects ont bougé à cause de tragédies. Dans chacune de ces situations, pour garder la tête hors de l’eau, je mise sur le positif. Quelles sont les solutions? Comment fait-on avancer les choses? Ultimement, on cherche à amener toute la société dans une zone de confort collectif. »