Passer au contenu

/ Département d'anthropologie

Je donne

Rechercher

Anna Mapachee

Enseignante en langue et culture anicinape

« Le bac par cumul, qui offre un cursus diversifié, m’a qualifiée pour plusieurs projets, tant pour travailler avec des enfants que pour enseigner ma langue et ma culture. Ces différents rôles rendent ma vie enrichissante. »

S’ouvrir à d’autres mondes pour s’enraciner

Lorsqu’elle décide d’un retour aux études, Anna Mapachee est mère célibataire et directrice adjointe du centre de la petite enfance de Pikogan, sa communauté anicinape, située près d’Amos, en Abitibi-Témiscamingue. « Je voulais que mes filles voient ce qui se passe à l’extérieur de la communauté et vivent de nouvelles expériences », explique-t-elle. Quand elle apprend que la mineure en études autochtones est lancée à l’Université de Montréal, elle se sent immédiatement attirée par ce programme. Elle souhaite en apprendre plus sur l’histoire du Canada et de ses peuples autochtones. « J’avais l’idée que [la mineure] pourrait me donner les connaissances pour m’impliquer en politique et dans la revitalisation de la langue anicinape » Elle se lance ainsi le défi de terminer des études universitaires, qui lui permettront également de se lancer sur le marché du travail.

De la communauté autochtone à la métropole

Mais Anna Mapachee se confronte à diverses problématiques d’adaptation. Elle vit un choc culturel en commençant son baccalauréat à Montréal. « Ici, la vie est différente, raconte-t-elle. C’est plus difficile que dans ma communauté : les gens s’entraident moins, se voisinent moins. Tout va vite, il faut apprendre à gérer son temps. J’étais toujours dans le bruit, sur le béton et ça me fatiguait énormément. ». La conciliation vie, études et travail est exigeante pour la mère monoparentale de trois enfants, et l’envie d’abandonner le parcours universitaire lui vient à plusieurs reprises.

Un cercle d’aide

Elle demande alors de l’aide aux Services à la vie étudiante, qui offrent un volet de soutien à la communauté étudiante autochtone. « Vous êtes la première étudiante autochtone à vous présenter ici! » lui répond-on. Les responsables lui suggèrent de former un cercle autochtone. En 2014, elle et d’autres étudiantes et étudiants créent Ok8api (« être assis ensemble » en langue algonquine), un cercle qui réunit les autochtones et la population étudiante de l’UdeM. Peu de temps après naît le projet d’un lieu de rencontre pour la communauté étudiante autochtone. Anna Mapachee fonde alors le salon Uatik (« tanière » en innu), un local dédié à la socialisation, au réseautage et à l’intégration des étudiantes et étudiants autochtones à la communauté de l’UdeM.

Un bac par cumul au service de multiples projets

Aujourd’hui, on peut dire qu’Anna Mapachee représente bien l’expression « porter plusieurs chapeaux ». Elle est enseignante en langue et culture anicinape dans différentes institutions. Elle anime aussi des conférences dans les écoles primaires et secondaires pour sensibiliser les jeunes aux réalités et aux enjeux des autochtones, ainsi qu’à l’intimidation en général. Elle siège en tant que coordinatrice et consultante pour les 9 communautés anicinapek au Québec. Sans oublier qu’elle a récemment collaboré avec l’auteure Emanuelle Dufour, rencontrée à l’UdeM, à la bande dessinée, « C’est le Québec qui est né dans mon pays ! : Carnet de rencontres, d’Ani Kuni à Kiuna ».

« Le bac par cumul de programmes, qui offre un cursus diversifié, m’a qualifiée pour plusieurs projets, tant pour travailler avec des enfants que pour enseigner ma langue et ma culture, explique-t-elle. Ces différents rôles rendent ma vie enrichissante. Avec le certificat en action communautaire, j’ai acquis des connaissances pour trouver des bailleurs de fonds et comprendre le fonctionnement des concertations. Ensuite, mon certificat en petite enfance et famille m’a ouvert des portes pour travailler avec des enfants et des jeunes dans le milieu de l’éducation. » 

Un conseil aux futurs étudiants et étudiantes autochtones de l’Université de Montréal

« Quand on veut, on peut. Il y aura toujours une montagne à gravir dans la vie. Franchissez-la et foncez. Un jour, vous vous retrouverez au sommet pour découvrir ce que la vie vous offre. “Enigouk”, soyez forts et ne lâchez pas. Prenez bien soin de vous et le reste ira bien. »