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Vincent Gautier-Doucet

Baccalauréat et maîtrise en anthropologie, Coordonnateur et chercheur pour le Chisasibi Eeyou Resource and Research Institute

« Ce qui me stimule, c’est de développer une expertise qui est significative pour la communauté et des outils que ses membres pourront utiliser pour les prochaines décennies. »

Faire des fouilles archéologiques… pour se trouver!

Après des études collégiales en sciences humaines, Vincent a choisi le baccalauréat spécialisé en anthropologie de l’Université de Montréal parce que la formation couvrait autant l’archéologie, l’ethnologie, la bioanthropologie que l’ethnolinguistique. « Je voulais apprendre sur le monde et les cours étaient captivants! Mais c’est en allant sur le terrain que j’ai eu la piqure. Lors de ma première école de fouilles organisée par le Département, je suis tombé en amour avec l’archéologie, et, à mon grand bonheur, j’ai travaillé comme archéologue tous les étés durant mes études tant en Alaska qu’en France » raconte Vincent. Une fois son baccalauréat obtenu, c’est tout naturellement qu’il a poursuivi à la maîtrise en archéologie préhistorique.

Une formation qui permet de mieux travailler avec l’Autre

Dès la fin de ses études, Vincent a été embauché comme coordonnateur et chercheur pour un centre de recherche cri dans un village côtier de la Baie-James, organisme créé à la demande de la communauté pour répondre à ses questionnements scientifiques. Son premier mandat? Dater et documenter des lieux de chasse à l’oie qui avaient été trouvés sur le territoire. « Ce projet requérait des connaissances en géomorphologie, en géomatique, en cartographie et en arpentage, outils que j’avais acquis lors de ma formation. Sans mes connaissances en archéologie, je n’aurais jamais été capable de faire mon boulot. » explique-t-il.

Pour arriver à démarrer des projets qui répondent aux besoins réels de la communauté et à obtenir les informations nécessaires à la recherche, Vincent et son équipe impliquent les membres dès le départ. « Ma formation d’anthropologue, mes connaissances en ethnologie, en anthropologie sociale, en ethnolinguistique, m’aident énormément. En arrivant à Chisasibi, j’avais déjà des connaissances concernant le peuple lui-même, les conditions de vie, le fonctionnement de la communauté, le mode de transmission des connaissances et des préjugés que les chercheurs et les autochtones peuvent avoir les uns envers les autres, » relate le chercheur.

Migrer pour répondre aux questions des jeunes et des aînés

Depuis, il a effectué de nombreux projets dont la construction d’un laboratoire et d’une station de recherche sur la côte de la Baie-James. Le projet qui l’occupe en ce moment? Une recherche sur la zostère marine, une plante à fleur aquatique qui colonisait l’ensemble de la côte de la Baie-James et qui a pratiquement disparu depuis le début des années 1990. « On documente le savoir écologique traditionnel associé à la plante ainsi que l’impact de sa disparition sur les activités de chasse et le mode de vie cri. C’est un sujet qui touche toute la communauté. Et vous savez quoi? Les aînés nous posent autant de questions qu’on leur en pose! » s’exclame Vincent.

Et les jeunes? Tout comme leurs aînés, ils s’intéressent à la science lorsqu’elle est appliquée à une activité traditionnelle comme la chasse ou la pêche. « Je garde toujours en tête que les connaissances et les compétences liées au territoire sont parfois davantage valorisées ici que l’enseignement formel, » raconte Vincent. Tout récemment, pour faire comprendre les bénéfices de la démarche scientifique à des jeunes du secondaire, lui et son collègue biologiste ont organisé un atelier, sur le territoire, où ils ont disséqué des poissons pour analyser la nourriture ingérée, ce qui a captivé ces étudiants.

Développer une expertise et outiller les communautés

« Ce qui me stimule, c’est de développer une expertise qui est significative pour la communauté et des outils que ses membres pourront utiliser pour les prochaines décennies,», explique Vincent avec enthousiasme. Dans les prochaines années, il aimerait développer un programme de monitoring participatif avec les chasseurs, afin qu’ils puissent eux-mêmes faire les observations et recueillir les échantillons pour la recherche à partir de ce qu’ils observent sur le terrain, que ce soit la qualité de l’eau, une invasion d’algues, des parasites, etc.

Un conseil aux futurs étudiants en anthropologie de l’Université de Montréal

« Ne négligez pas les expériences de travail : essayez de faire du terrain à travers votre baccalauréat, multipliez les écoles de fouille, participez avec les professeurs aux projets de recherche. On apprend tellement à chaque fois! Et si le sujet vous passionne, faites une maîtrise! Ça vous permettra d’apprendre à faire de la recherche, à en gérer un projet et à être autonome. L’expérience de recherche aide énormément sur le marché du travail. »