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Bulletin des diplômés, janvier 2023

Mot du directeur

Julien Riel-Salvatore; Photo : UdeMNouvelles
Julien Riel-Salvatore

Depuis juin 2022, Julien Riel-Salvatore dirige le Département d’anthropologie. Voici son 1er mot à ce titre.

C’est un grand plaisir pour moi de succéder à mon collègue Guy Lanoue – et à Bernard Bernier avant lui – au poste de directeur du Département d’anthropologie. Un plaisir, mais aussi une occasion de réfléchir à la trajectoire qui m’a menée ici, pendant ce moment pandémique si particulier que l’on continue de vivre comme société.

Bien que Montréalais d’origine, mon 1er contact avec l’Université de Montréal (UdeM) n’a été initié qu’en 2014, lorsque j’y ai été engagé à titre de professeur agrégé. Pour moi, c’était la chance de pouvoir enseigner, en français, cette discipline que j’aime et en transmettre les leçons importantes à de nouvelles générations. Je n’ai jamais regretté cette décision, bien au contraire, car les défis auxquels notre société fait face actuellement bénéficient plus que jamais d’une perspective anthropologique.

Aujourd’hui, notre discipline connaît des problématiques particulières : malmenée par quelques chroniqueuses et chroniqueurs, elle rencontre des enjeux de financement de la recherche et entre en concurrence avec des programmes professionnels pour le choix d’études. Cependant, comme le démontrent la constellation brillante de nos diplômées et diplômés à travers le monde par leurs travaux d’envergure et d’intérêt général, l’enthousiasme manifesté par nos étudiantes et étudiants à tous les cycles au 3e étage du pavillon Lionel-Groulx, les rires et débats animés qui fusent à nouveau dans nos laboratoires depuis le début de la session, je peux vous garantir que l’anthropologie est là pour durer!

C’est donc plein d’optimisme que je fais le pari de l’anthropologie. Je vous remercie pour votre fidélité à la discipline et votre intérêt envers ce département qui reste le vôtre; j’espère vivement avoir la chance de découvrir vos projets et d’en apprendre plus sur vous pendant mon mandat.

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Un nouveau professeur au département

Joseph Orkin; Photo : Guy Lanoue
Joseph Orkin

Le 1er juin 2022, nous avons accueilli Joseph Orkin, bioanthropologue et primatologue. Il nous présente ici brièvement son bagage et ses champs d’intérêt.

J’ai hâte de mieux connaître la communauté étudiante de Montréal et je suis très content de faire partie de l’équipe du département. Anthropologue moléculaire de formation, je cherche à comprendre l’évolution humaine et primate en utilisant de l’information génomique.

Les changements climatiques actuels ont soumis les primates à des températures très élevées, à des sécheresses et à des modifications extrêmes de leur habitat forestier. Je souhaite savoir comment ils se sont adaptés à ces pressions pour davantage prévoir leur survie.

Plus de la moitié de ces espèces est menacée par l’extinction. Pour les étudier, il faut découvrir un moyen non invasif pour obtenir des échantillons biologiques. Souvent, cela signifie fouiller dans la forêt pour trouver leurs matières fécales.

Croyez-le ou non, ces dernières sont une mine d’informations puisqu’elles contiennent des cellules épithéliales qui nous permettent de dresser le portrait génétique de l’animal. Elles comprennent des traces de sa diète et de son microbiote, qui sont des indices quant à sa santé mentale et métabolique. Grâce à cet ADN, nous pouvons identifier la quantité, la diversité et les fonctions de ces microbes.

Au cours de ma carrière, j’ai étudié des hylobatidés (gibbons) en Chine, des singes capucins au Costa Rica et des lémuroidea du Madagascar. Le défi le plus majeur était de trouver la matière fécale de gibbon dans les montagnes du sud-ouest de la Chine, car ces grands singes arboricoles sont très timides.

Pinkerton au repos (Chine, 2019); Photo : Joseph Orkin
Pinkerton au repos (Chine, 2019)

Après un mois d’effort sans succès, j’ai adopté une autre méthode : puisque la matière fécale de chaque espèce a une odeur unique, j’ai collaboré avec le ministère de la Sécurité publique pour entraîner un chien à identifier l’excrément des gibbons. Grâce à mon chien Pinkerton, j’ai repéré des douzaines d’échantillons et dressé leur 1er portrait génétique. À ce jour, je continue à approfondir mes recherches sur les primates.

Je suis aussi fasciné par l’intersection de l’anthropologie avec la microbiologie : la pourriture d’une personne peut devenir la délicatesse d’une autre. Le fromage, le kimchi, le kombucha sont des exemples d’aliments modifiés par des microbes. En ajustant la quantité de sel, de sucre et d’oxygène, ou en altérant la température, nous transformons les pressions évolutives sur les micro-organismes qui transforment le chou en choucroute et le raisin en vin.

La dimension culturelle introduit énormément de variations dans la préparation de ces aliments, qui peuvent modifier non seulement le goût, mais également agir sur les microbes. Ainsi, depuis quelques années, je collabore avec un ethnologue pour étudier l’anthropologie de la fermentation d’un point de vue bioculturel. Une des raisons de mon amour de l’anthropologie est la possibilité d’explorer la dimension humaine des processus biologiques.


Une collection bien conservée et à sa place grâce au soutien de la Faculté des arts et des sciences

La collection ethnographique du département comporte à ce jour 3800 objets. Afin de faire découvrir au public une partie de celle-ci, il était nécessaire d’acquérir une vitrine muséale.

Grâce au soutien généreux de la Faculté, nous avons pu en acheter une : elle se trouve au 2e étage de la Bibliothèque des lettres et sciences humaines (pavillon Samuel-Bronfman).

Désormais, une fois par année, nos étudiantes et étudiants du cours Mise en exposition, enseigné par la muséologue Violaine Debailleul, choisiront une thématique et mettront en valeur les objets de notre collection.

Nouvelle vitrine muséale; Photo : Guy Lanoue
Nouvelle vitrine muséale

Anthropo-Scène, une nouvelle série de rencontres

Bernard Bernier et Christina Halperin, lors de la causerie sur les monarchies; Photo : Guy Lanoue
Bernard Bernier et Christina Halperin

En septembre 2022, nous avons lancé la série de causeries Anthropo-Scène. Ouvertes à l’ensemble de notre communauté, incluant les diplômées et diplômés, ces rencontres ponctuelles sous forme de 5 à 7 ont pour but d’échanger sur des sujets qui nous interpellent.

Elles surviendront au fil des actualités sur lesquelles l’anthropologie promet de jeter un regard original à travers une discussion entre des spécialistes de nos différentes sous-disciplines.

La 1re causerie s’étant déroulée quelques jours après le décès de la reine Élizabeth II, le thème des monarchies a naturellement été choisi. Elle a été animée par Bernard Bernier et Christina Halperin, respectivement spécialistes du Japon et des civilisations mésoaméricaines.

Le prochain événement Anthropo-Scène sur la biodiversité se tiendra pendant la session d’hiver. Les rencontres suivantes seront annoncées sous peu.


In memoriam : Paul Tolstoy

Paul Tolstoy, jeune professeur (1962)
Paul Tolstoy, jeune professeur (1962)

Diplômé de l’Université Columbia (Ph. D. 1958) et de la Sorbonne (D. ès L. 1984), Paul Tolstoy a été le 1er professeur du Département d’anthropologie de l’UdeM, créé en 1961. D’une famille de Russes blancs exilés, ce fils du comte Andrei Tolstoy est né à Versailles en 1931, avant d’émigrer à New York en 1946.

Parlant couramment russe, français, espagnol et anglais, il a effectué ses 1ers travaux en archéologie en traduisant ou synthétisant des publications sur l’archéologie soviétique, et plus précisément sur la Sibérie. Il a aussi participé aux projets de Carl Borden en Colombie-Britannique, en 1952.

Sa thèse de doctorat a cependant marqué un tournant dans son parcours et l’a mené à l’archéologie méso-américaine. C’est ainsi qu’en 1976 il a été invité comme enseignant spécialiste de cette région par l’Unité de formation et de recherche d’histoire de l’art et d’archéologie de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Il a commencé sa carrière à l’UdeM comme professeur en 1961, avant d’accepter un poste au Queens College de New York, de 1966 à 1977. Il est revenu à l’UdeM en juin 1977 en qualité de professeur titulaire et de directeur du département, fonction qu’il a occupée jusqu’en mai 1981. En 2014, il a pris sa retraite.

Décrit par ses collègues, étudiantes et étudiants comme un enseignant érudit, rigoureux et exigeant, il a été l’idéateur des 1ers cours d’archéologie dispensés régulièrement au Québec. D’ailleurs, Éléments de préhistoire et Méthodes et concepts en archéologie, qu’il a instaurés, sont toujours donnés aujourd’hui au Département d’anthropologie.

Expert de renommée mondiale sur les civilisations précolombiennes dans la vallée de Mexico, il a ainsi mené des fouilles d’envergure sur le site de Coapexco et travaillé à clarifier le processus d’émergence des sociétés complexes de cette région.

Il s’est aussi intéressé durant toute sa carrière au processus de la diffusion culturelle, notamment celui de la production du tissu d’écorce qu’il interprétait, provocateur, comme indiquant des contacts précolombiens entre la Polynésie et la Mésoamérique.

Paul Tolstoy (au milieu de la 1re rangée), entouré de ses pairs, durant la conférence Regional Perspectives on the Olmec, tenue à la School of American Research, en 1989
Paul Tolstoy entouré de ses pairs

En plus de ses champs d’intérêt de recherche pointus et persistants, on peut lire ses interventions dans les médias dès les années 1960. Ceci indique son appréciation de l’importance à développer l’archéologie du Québec, domaine jusqu’alors embryonnaire et dont il a pu suivre l’évolution pendant sa carrière professorale de plus de 60 ans.

Il a publié dans des revues telles que Science, American Antiquity et Journal of Field Archaeology. Sa thèse de doctorat, intitulée « Surface Survey in the Northern Valley of Mexico: The Classic and Postclassic Periods », a fait l’objet d’une publication monographique dans Transactions of the American Philosophical Society et demeure encore aujourd’hui une référence clé sur la préhistoire de cette région.

Il a eu une influence majeure sur plusieurs générations d’étudiantes et d’étudiants en archéologie à l’UdeM, notamment auprès de Louise I. Paradis, avec qui il a collaboré étroitement et qui est devenue professeure au département en 1973.


Remerciements de Guy Lanoue

Guy Lanoue; Photo : Amal Haroun
Guy Lanoue

Nous avons lancé ce bulletin en 2018 et, si l’on se fie aux réactions, il est apprécié par notre communauté.

Même si mon mandat comme directeur du département est terminé, je continuerai à réaliser cette publication, toujours en collaboration avec plusieurs personnes, dont : Amal Haroun, rédactrice en chef de notre maison éditions@anthro; Élodie Enfrin, conseillère aux relations avec les diplômées et diplômés au Réseau des diplômés et des donateurs de l’Université de Montréal.

Merci de votre soutien! Comme toujours, n’hésitez pas à nous transmettre vos histoires et photos.