Laboratoire de Recherches en Relations Interculturelles
Unité de recherche facultaire
Responsables :
- White, Bob W. — Directeur
Autre courriel : labrri.info@gmail.com
Web : Site Web de l’unité de recherche
Web : Blogue
Web : Compte twitter
Télécopieur : 514 343-2494
Les dynamiques interculturelles se manifestent à plusieurs niveaux: au sein de nos foyers, dans nos différents milieux de vie et de travail, à travers nos interactions dans l’espace public, dans les institutions, etc.
Ces dynamiques peuvent être une source de tensions sociales qui mènent à la discrimination et à l’exclusion, mais elles peuvent aussi faciliter le rapprochement entre les populations et permettre ainsi un enrichissement mutuel. Afin de pouvoir aborder ces différents aspects des dynamiques interculturelles, nous avons identifié cinq axes de recherche pour regrouper les différents intérêts et projets de recherche menés par les membres du LABRRI. Étant donné la spécificité des différents domaines de recherche mais aussi la diversité des chercheurs impliqués, il y a une relative autonomie entre les activités et les descriptions des axes thématiques. Ceci dit, les chercheurs participent tous à plusieurs axes; ce qui permet d’établir des ponts entre eux et entre les axes. Les voici :
Média
Équipe
- White, Bob W. — Directeur
- Azdouz, Rachida — Chercheur associé
- Emongo, Lomomba — Chercheur régulier
- Anctil, Pierre — Chercheur régulier
- Levy, Joseph Josy — Chercheur régulier
- Saillant, Francine — Chercheur régulier
- Rocher, François — Chercheur régulier
- Frozzini, Jorge — Chercheur régulier
- Dubé, Jessica — Chercheur régulier
- Caidor, Pascale
Axes de recherche
Épistémologies de l’interculturel
L’interculturel. Que voilà un terme problématique à plus d’un titre, dont les trois suivants.
Sur le plan graphique, le mot « interculturel » semble concurrencé par d’autres substantifs de la même famille. Ainsi en est-il de l’« interculturalisme » qui gagne en intérêt dans les pays occidentaux, notamment en matière d’intégration des vagues de migrants issus des pays en guerre ou du sud en général.
Sur le plan sémantique, il est à ce jour un concept en mal de définition au nom, sans doute, des multiples perspectives qu’il suggère. L’interculturel relève-t-il d’une utopie globale, d’une philosophie nouvelle dont aucune modalité de savoir, scientifique ou vernaculaire, aucun rapport au transcendant, religion ou spiritualité, aucune façon théorique ou pratique d’être-au-monde pour l’être humain n’est indigne ? Relève-t-il d’une perspective herméneutique axée sur la compréhension si faire se peut de la rencontre et du possible dialogue, à travers les personnes, des cultures qui leur servent de référence, sur lesquelles se réfractent leurs façons de penser et leurs actions ponctuelles, qu’elles portent en héritage et recréent en retour ? Relève-t-il d’une perspective idéologico-politique axée sur l’intégration des immigrants dans les sociétés industrialisées contemporaines – comme c’est le cas au Québec et dans l’Union Européenne ? Relève-t-il d’une perspective sociologique axée sur les interactions concrètes au sein du même espace public partagé par des personnes d’origine géographique et de référence culturelle différentes ? Relève-t-il d’une discipline scientifique connue, ou bien d’un champ d’études interdisciplinaire dans la constellation académique ? Relève-t-il d’un cadre d’action à l’échelle internationale, nationale, provinciale ou municipale ? Relève-t-il des modalités d’approche thématique, ou bien d’application intersectorielle, des compétences théoriques ou bien des outils en vue de l’acte à poser ?
Sur le plan pragmatique, aussi courant est son usage comme adjectif, aussi polémique est son usage comme substantif quelle qu’en fût la graphie. À croire que ce mot porte en lui, à la fois, le germe de son usage inflationniste qui en ferait un concept fourre-tout, et le virus qui guette d’ores et déjà tout savoir y relatif. De ce qui précède, l’interculturel commande une interrogation d’amont, préalable à toute écriture, à tout sens et à tout usage du mot. Antérieur à tout discours ponctuel sur le mot, ce discours interrogateur d’amont constitue en propre l’objet de l’Axe Épistémologie des recherches conduites par le Laboratoire de recherche en relations interculturelles – le LABRRI.
Cadre conceptuel
Les réflexions de type épistémologique peuvent s’articuler de deux façons. D’une part, elles peuvent consister à analyser les conditions de possibilité de ce qu’il y a lieu d’appeler l’interculturel. De caractère a priori, semblable investigation ne saurait faire l’économie de la graphie la plus appropriée, de l’évaluation de la sémantique de ses différentes variantes, de la pertinence de ses usages comme adjectif ou comme substantif, de l’impact du préfixe INTER sur toutes ses graphies possibles, de la culture comme son contenu générique, peu importe la polémique qui entoure le mot, de la rencontre comme le concept élargi des interactions entre personnes et entre cultures, etc. D’autre part, réfléchir sur l’épistémologie de l’interculturel peut sonder la validité après coup d’un discours donné, relativement à l’interculturel. Il en irait, en plus de mesurer le degré de cohérence interne dudit discours, de soumettre sa teneur à l’issue à l’épreuve de la réalité qu’elle prétend penser. Il en irait, en somme, d’évaluer la vérité du discours concerné aussi bien dans sa manière d’advenir comme tel que dans le savoir qui en résulte. S’agit-il d’une double démarche ? Le cas échéant, celle-ci comporterait-elle deux niveaux différents d’approche épistémologique ? S’agirait-il plutôt de deux approches complémentaires d’une même démarche épistémologique ? Ces quelques autres aspects du caractère fondamentalement problématique de la question épistémologique soulignent, en fait, une réalité : qu’il soit pris par le biais de l’a priori ou par celui factuel, l’investigation épistémologique représente, mieux qu’un exercice intellectuel à haut risque, un incontournable en matière d’interculturel.
Quelques thèmes
Plusieurs thèmes possibles d’une réflexion épistémologique de l’interculturel sont nommés ci-dessus. Il s’agit notamment de
- justifier l’approche épistémologique auquel on recoure : les conditions de possibilité d’un discours sur l’interculturel, ou bien l’évaluation d’un discours donné sur l’interculturel.
- discuter des limites et des atouts de la graphie considérée, de la perspective sémantique adoptée, de l’usage de l’adjectif ou du substantif.
Politiques publiques et cadres de références
Dans son acception la plus simple, les politiques publiques désignent tout « ce que l’État fait… ou ne fait pas ». La prise en compte de la diversité pluriculturelle, de la présence de minorités racisées, des effets délétères d’une (non)reconnaissance des problématiques liées à des populations ainsi définies (la désignation / création de catégories sociales est, en soi, un acte de pouvoir) ont conduit les autorités publiques à adopter un ensemble de mesures spécifiques visant à « gérer la diversité ethnoculturelle ».
Cette façon d’appréhender la diversité témoigne, à l’évidence, d’un biais managérial dans la mesure où elle favorise une approche technocratique de l’intervention étatique : définir / nommer / créer un « problème »; identifier les origines, les causes et les manifestations (et, ainsi, privilégier une certaine manière de le présenter); identifier des priorités; définir les moyens d’action (à la lumière des causes présumées et des manifestations de ce problème); mettre en place des programmes; créer des ancrages institutionnels (ministères, organismes, bureaux, etc.); accorder des budgets; investir dans le personnel; développer des liens avec la société civile (organisations communautaires, milieu de l’éducation, intervenants considérés comme pertinents – Chambre de commerce par exemple).
Cadre conceptuel
Le premier défi qui se pose à l’analyse des politiques publiques consiste à identifier les « politiques » qui méritent de retenir l’attention. Au Canada, les autorités publiques interviennent dans le cadre d’un régime politique de type fédéral qui s’inscrit dans une vision pyramidale de la distribution des pouvoirs et des compétences. Par exemple, la politique d’immigration est un domaine où interviennent à la fois le gouvernement fédéral, les provinces (ainsi que les municipalités qui sont les ‘créatures’ des autorités provinciales). Toutefois, les cibles en matière d’immigration sont définies uniquement par le gouvernement ‘central’, bien que des négociations aient lieu avec les gouvernements provinciaux. Ceux-ci peuvent, mais ne le font pas toujours, consulter les autorités municipales pour connaître leurs besoins particuliers. Toute analyse des politiques doit tenir compte de cet aspect particulier lié à la division des pouvoirs. Cela signifie que les acteurs politiques / étatiques peuvent adopter des objectifs qui sont complémentaires, coordonnés, ou contradictoires en fonction des leurs propres intérêts. Ces politiques renvoient à des conceptions parfois divergentes de la ‘communauté politico-nationale de référence’. C’est ce qui distingue la politique migratoire du Québec des autres provinces canadiennes et du gouvernement fédéral en particulier.
Il en va de même pour les politiques dites ‘d’intégration’. Le gouvernement fédéral, par le biais de transferts, en finance une partie importante. Il peut donc exercer une certaine influence, en utilisant son pouvoir de dépenser, sur les priorités provinciales (qui, elles-mêmes, déterminent ce que les municipalités peuvent faire). Le tout est encadré par un ensemble de normes juridiques, notamment la Charte canadienne des droits et libertés, mais aussi la Charte des droits et libertés de la personne du gouvernement du Québec, toutes deux visant à identifier les domaines où la discrimination est interdite dans le but d’assurer l’égalité (juridique et réelle) à tous sans égard à leur origine, leurs croyances ou la couleur de la peau. Les autorités publiques peuvent aussi adopter des politiques qui peuvent prendre la forme d’énoncés ou de lois. Par exemple, le gouvernement a adopté, en 1988, la Loi sur le multiculturalisme canadien, bien que le premier ministre ait fait état, en 1971, de son énoncé de politique. Il y a donc différents moyens d’annoncer les intentions gouvernementales et celles-ci peuvent prendre plusieurs formes. À l’échelle provinciale, le gouvernement du Québec a lui aussi adopté un certain nombre de ‘cadres’ ou de ‘plans d’action’, dont la première mouture s’intitulait Autant de façon d’être Québécois (1981). D’autres ont suivi par la suite.
Quelques thèmes
Les politiques publiques peuvent se décliner de la manière suivante, et ce pour chacun des ordres de gouvernement (fédéral, provincial, régional, municipal, local) :
- Cadre juridique et législatif
- Énoncés de politiques
- Plans d’action
Pour chacune de ces formes (en fonction de l’aspect qui fait l’objet d’une étude et de son positionnement sur l’échelle politico-institutionnelle), il importe de prendre en considération un ensemble de facteurs :
- Faire l’inventaire des politiques;
- Identifier la logique d’intervention (justification; choix normatifs, problèmes visés);
- Identifier le contexte de mise en œuvre – le ‘cadrage’ de la politique aux plans idéologiques, politique, sociétal, etc.;
- Identifier les intervenants (acteurs politiques et sociaux), leurs discours et leurs intérêts;
- Faire l’inventaire des moyens mis en place (structures, budgets, personnel, etc.);
- Évaluer l’efficacité des mesures adoptées (adéquation entre les objectifs, les moyens et les réalisations);
- Évaluer l’influence de la politique et son caractère transformatif (effets sur le problème visé; effets non recherchés.
Dynamiques de cohabitation
De plus en plus, il semble prévisible que les sociétés occidentales, ou du moins les grandes agglomérations urbaines de l’Europe et de l’Amérique du Nord, vont entrer dans une ère de super diversité culturelle et linguistique, une situation pour laquelle les autorités en place ne sont généralement pas préparées. Il s’agit d’ailleurs d’une évolution extrêmement rapide qui risque de prendre par surprise l’ensemble de la classe dirigeante. Ce contexte difficile augmente l’isolement des nouveaux venus et retarde leur intégration à une éventuelle société d’accueil. Il en résulte une segmentation plus profonde du tissu social et une plus grande difficulté de la part des réfugiés de franchir les barrières qui se dressent aujourd’hui devant eux sur le plan de la mobilité socio-économique ascendante. À cela s’ajoutent de nouvelles formes de discrimination qui ne sont pas tant raciales, mais liées au statut légal des personnes immigrantes et à la forme qu’a prise leur admission dans un pays donné. Dans les conditions actuelles, il est à prévoir qu’il sera beaucoup plus difficile pour les réfugiés d’obtenir le statut de citoyen et de se prévaloir des avantages d’un traitement équitable de la part de l’État hôte. Il n’est pas du tout certain que les solidarités qui s’étaient manifestées à l’occasion de mouvements migratoires antérieurs, comme dans le cas de réfugiés vietnamiens ou bosniaques, vont se reproduire dans un avenir immédiat. C’est une question que les chercheurs doivent aborder prioritairement.
Depuis une période de temps relativement courte, de nouvelles cohortes d’immigrants se sont présentées aux portes des sociétés industrielles avancées sans que leur arrivée soit médiée par des services consulaires réguliers ou par le recours à une planification à long terme. Certains de ces mouvements de population ont pris un tournant dramatique avec la guerre en Syrie ou les tentatives nombreuses et spontanées d’effectuer la traversée de la Méditerranée à partir du nord de l’Afrique. Il en est résulté dans plusieurs pays limitrophes du Moyen-Orient un afflux désordonné et sans précédent, qui tôt ou tard se dirige vers des grandes villes européennes ou nord-américaines souvent impréparées à recevoir des réfugiés en situation irrégulière. L’absence d’intermédiaires crédibles entre ces masses immigrantes et la société dominante pose un problème sérieux au niveau de l’intégration socio-économique des nouveaux citoyens. Le peu de contacts et de connaissances mutuelles préalables soulève aussi des difficultés majeures pour les intervenants gouvernementaux aux prises avec ces situations complexes. Il en résulte souvent une incapacité à court terme de réponde aux besoins réels des réfugiés et des personnes en situation illégale, en plus de donner naissance dans les médias à des préjugés ou à des stéréotypes tenaces. Ces problèmes sont encore aggravés par des actes terroristes sérieux perpétrés depuis quelques mois dans les pays occidentaux et qui soulèvent dans certains cas à l’endroit des personnes issues de l’immigration récente une suspicion extrême, ou à tout le moins une méfiance généralisée.
Cadre conceptuel
Le volet « dynamique de cohabitation et interaction » gagnerait à se définir à la confluence de trois disciplines propres aux sciences humaines, à savoir l’anthropologie, l’histoire, et la sociolinguistique. Des observations très fines sur le terrain sont nécessaires pour arriver à définir quelles sont les frontières identitaires plus précises qui existent entre la société dominante et les réseaux communautaires porteurs des identités minoritaires. Il nous faut comprendre en effet comment se transmettent dans l’espace public et privé les différences culturelles et religieuses. Nous devons aussi comprendre quelles parties du modèle dominant d’intégration socio-économique sont susceptibles d’être acceptées par les groupes en apparence plus réfractaires. La discipline de l’histoire d’autre part introduit une variable essentielle à l’étude de ces cas, qui est celle de la durée dans le temps et de la reproduction sur le long terme des modèles de participation à petite échelle. Une séquence chronologique bien établie est nécessaire pour arriver à saisir les mécanismes de reproduction sociale propres aux affiliations religieuses et aux cultures dissidentes, dont la capacité d’adaptation peut s’avérer beaucoup plus profonde qu’il n’apparaît de prime abord. Finalement, comme toute négociation sociale et culturelle entre majoritaires et minoritaires est aussi un exercice d’ajustement linguistique, un passage d’une langue à une autre, ou du moins d’un ensemble de signifiants culturels à un autre, il nous faut prendre en compte dans ce genre d’études les formes exactes que prend le discours. Ce qui est dit et véhiculé dans un contexte communautaire, et les images culturelles qui sont utilisées dans ce contexte forment des indices de premier plan en vue du décodage des positionnements minoritaires relativement à la société dominante.
L’approche privilégiée ici est d’aborder dans l’espace urbain les lieux et les occasions de rencontre entre personnes d’origine différente qui se produisent dans un contexte de résistance relative ou de non-soumission à l’unanimisme culturel ambiant. Plusieurs forces au sein de la société agissent pour entraîner une dissolution des différences linguistiques, culturelles ou religieuses, certains dues à l’immigration récente et d’autres pas. Or, on note à l’heure actuelle une réaffirmation plus marquée des traits et caractéristiques propres à certains groupes, dont les frontières identitaires apparaissent fortement définies et sujettes à une persistance à long terme. Il y a là une combinaison de facteurs qui présentent un intérêt certain pour la recherche et qui débouchent sur des questionnements relativement à la place que l’État et les grands réseaux sociaux peuvent occuper – ou pas – dans l’intégration socio-économique et l’assimilation culturelle des minorités. Le plus souvent, les raisons qui poussent certaines communautés à garder une distance avec la majorité démographique ont à voir avec la croyance religieuse et la volonté de conserver un éventail de valeurs traditionnelles relativement à l’éducation des enfants. Ces différences peuvent parfois prendre des formes assez radicales, tout comme elles peuvent aussi s’affirmer dans l’espace public de manière subtile et sans soulever de positionnement particulier de la part des autorités. Au même moment, il se développe à l’heure actuelle dans certains médias et chez certains porte-parole politiques une intolérance accrue envers l’expression même minimale de signes extérieurs de la croyance religieuse, qui pourrait mener à des nouvelles formes de discrimination et de dénigrement des minorités. Ces attitudes présentent des risques sérieux de déséquilibre et de durcissement du discours de l’État qu’il faut mieux comprendre.
Quelques thèmes
- L’apparition et la persistance de communautés ultraorthodoxes sur le plan religieux dont les valeurs semblent peu compatibles avec la société dominante
- Les modes d’interaction entre cohortes plus anciennes et immigrants récents
- Le rôle joué par les organisations communautaires multiethniques dans l’intégration des nouveaux venus
- Les dynamiques de cohabitation interculturelles ou interethniques dans le tissu urbain montréalais (l’avenue du Parc, le chemin de la Côte-des-Neiges et la rue Jean-Talon)
Intervention et enjeux organisationnels
Le portrait sociodémographique du Québec a beaucoup changé au cours des dernières décennies. À Montréal seulement, ce sont plus du tiers des habitants qui sont nés à l’extérieur du Canada et qui proviennent d’une multitude de régions et de continents. Il est à noter toutefois que cette diversité ne se réduit pas aux phénomènes migratoires ou à l’immigration récente. En effet, l’immigration n’est pas un phénomène récent au Canada; depuis les premiers établissements français du 17e siècle, le pays a connu des vagues successives de migrations qui ont permis à ce pays de se construire et de se développer. Les immigrants établis et leurs descendants ont constitué des « communautés » ou des « groupes » auxquels prennent part à leur tour de nouveaux arrivants. Ces premiers migrants et leurs descendants ont formé des communautés; ils se sont donnés des institutions sociales, religieuses et politiques qui sont le reflet de valeurs dominantes et d’une certaine manière de voir le monde. Ces institutions sont aussi appelées à se transformer à travers le temps et à s’adapter aux réalités nouvelles de notre temps. Au phénomène migratoire ancien et récent s’ajoute la présence autochtone qui a vu naître une grande diversité de peuples et qui participent, malgré la question coloniale et une situation historique tendue, à la diversité québécoise.
La diversité ethnoculturelle et linguistique est souvent présentée comme atout pour le développement social, culturel et économique de la province. Toutefois, les situations de rencontres interculturelles présentent parfois des défis énormes en matière de communication en plus des enjeux de pouvoir qu’elles suscitent. C’est le cas notamment des différents milieux d’intervention qui doivent fournir aux personnes immigrantes ou issues des groupes ethnoculturels des services de toutes sortes ayant pour but de favoriser une meilleure connaissance des différents systèmes (ex. santé, éducation), le soutien aux familles, la santé, la défense des droits, la promotion de la santé et de la sécurité au travail, l’insertion ou le maintien en emploi. Ces intervenants sont à l’œuvre dans tous les secteurs (public, privé, associatif) et dans tous les types d’industrie (primaire, secondaire, tertiaire) et prennent part dans leurs domaines respectifs à la (re-)construction du lien social de personnes qui peuvent se retrouver exclues ou marginalisées ou qui rencontrent toute une série d’obstacles qui les empêchent de se réaliser pleinement.
Cadre conceptuel
La littérature scientifique, en sciences sociales ou ailleurs, reconnaît que les conditions de la rencontre interculturelle ne sont pas toujours optimales et qu’il existe des barrières linguistiques, culturelles ou relatives au système qui peuvent nuire au dialogue et à la mise en place de stratégies d’intervention adaptées à la réalité et aux caractéristiques de la population desservie. Il est également rapporté que le manque de compétences interculturelles à tous les niveaux individuels, collectifs et organisationnels, peut nuire sérieusement à la capacité d’intervention. Les organisations qui ne sont pas préparées à la réalité de la diversité ethnoculturelle peuvent même générer des dynamiques dites « paradoxantes » liées au fait que les exigences pratiques de l’intervention en contextes pluriethniques ne sont pas pleinement reconnues et que, faute de soutien organisationnel, les intervenants sur le terrain peuvent éprouver à leur tour, détresse, malaise et sentiment d’impuissance.
Quelques thèmes
Cet axe de recherche vise à dresser un portrait plus précis et plus complet des dynamiques organisationnelles en lien avec les situations de rencontre interculturelle qui peuvent survenir. Elle propose pour cela un regard critique et empirique sur le monde du travail actuel, dans les secteurs d’activités et d’intervention où des situations de rencontre interculturelle sont courantes, présentant ainsi un certain nombre de contraintes, d’enjeux et de défis. Plus concrètement, cet axe de recherche permettra d’étudier des situations concrètes d’interventions en y identifiant les moments déterminants, les stratégies mises de l’avant, et en identifiant les besoins en matière de compétences interculturelles en vue de développer de nouveaux modules de formation et autres outils adaptés.
Cet axe présente trois principaux volets :
- Parcours d’immigrants et contacts avec la société d’accueil
- Expérience d’intervenants et exigences pratiques de l’interculturel
- Pratiques de gestion et dynamiques organisationnelles
Pour documenter ces trois volets, cet axe privilégie une méthodologie de type qualitative, des études de cas et une approche de type systémique.
Représentations sociales et médiatiques
La présence de la diversité dans nos sociétés occidentales date et son augmentation est de plus en plus prévisible. Ce contexte est d’autant plus complexe lorsque nous introduisons dans cette équation la présence des médias (journaux, radio, télévision et le Web, entre autres, avec les médias sociaux) lorsqu’il est question, entre autres, des représentations sociales. En effet, nous savons que ces dernières sont importantes lorsqu’il est question de la participation sociale et économique des (im)migrants dans un contexte interculturel, car la socialisation est affectée, entre autres, par les représentations. L’étude des représentations sociales et médiatiques devient donc importante pour la compréhension d’une société. Cela est ainsi parce que les représentations constituent des cadres de références qui permettent aux individus d’échanger, de communiquer et de se projeter dans l’avenir ; elles permettent de décoder, donner et produire le sens que les personnes attachent à leur environnement ainsi qu’à leurs interactions quotidiennes. Les représentations sociales vont agir comme des filtres ou des lunettes qui nous affectent profondément, car elles sont intimement liées à l’identité d’une personne et à sa manière de s’engager dans le monde. Elles orientent les conduites, les attentes, les normes et les règles qui définissent l’univers social et qui entrent dans la définition de la « culture » d’une société donnée.
Les représentations sont produites et reproduites socialement à travers les opérations des institutions, dont celui des médias, qui jouent un rôle important. En effet, les médias (journaux, radio, télévision et le Web, entre autres, avec les médias sociaux) participent au sein de la bataille que se livrent les diverses représentations présentes dans une société et dans le monde. Ils interviennent dans (1) la sélection des représentations (2) leur construction et (3) leur dissémination. L’importance des médias provient non seulement de leur capacité à sélectionner les informations, les construire et les disséminer, mais de la capacité qu’ils ont à influencer l’établissement des normes sociales. D’ailleurs, cette influence, qui est une capacité de transformation, ne peut pas être réduite à la formulation d’idées, car il y a des processus concrets permettant d’y arriver et de maintenir cette influence. En effet, un média n’est pas qu’un simple moyen de transmission et de diffusion de l’information ou de significations. Il représente aussi un support physique ou électronique de données. Ainsi, les médias en tant que supports et moyens sont intimement liés aux questions de la technologie (techne) et donc à la production, transformation et contrôle de notre environnement.
Cadre conceptuel
Pour analyser les représentations sociales et médiatiques, nous privilégions une approche qui marie des connaissances en anthropologie, les études en communication et la science politique. De plus, pour documenter cet axe, nous privilégions une méthodologie de type qualitatif et une approche systémique qui marie l’herméneutique et les théories critiques.
Les représentations qui prévalent dans les milieux de rencontre comme le sont les systèmes de santé, d’éducation et de travail nous apparaissent comme un enjeu des plus pertinents dans le contexte des relations interculturelles. La question est importante, car ces milieux sont ceux où il y a le plus de chances de rencontrer des personnes provenant d’horizons culturels différents et qui ont pu vivre des parcours d’insertion sociale très hétéroclites. Les études sur les représentations sont importantes dans ce contexte puisque ces dernières vont jouer un rôle déterminant dans la manière de percevoir les uns et les autres. Les représentations sont les lieux où par exemple les stéréotypes, les préjugés, la xénophobie, le racisme et la fascination pour l’autre peuvent s’actualiser, voir s’affermir et se renforcer. À l’instar de ces derniers, d’autres lieux de rencontre sont aussi importants, comme les associations, les centres communautaires, les centres commerciaux, etc. Nous devons voir les lieux de rencontre de façon élargie et dynamique (lieux changeants avec le contexte local, national et international), mais aussi virtuelle avec le Web.
Ces lieux, pour nous, sont liés au temps et à l’espace. Ces deux dimensions occupent une part primordiale dans la construction des représentations et les dynamiques de la rencontre et de la communication. Cela est d’autant plus important ici, car nous savons que la communication a un lien avec la montée ou le déclin des traits culturels. En effet, la prédilection du temps ou de l’espace implique un biais considérable de la culture dans laquelle cette prédilection a lieu. Ainsi, nous nous intéressons tant aux représentations en milieu urbain (grandes villes) que rural, dans le temps, mais aussi dans diverses régions du Québec. Puisque les dynamiques ne sont pas les mêmes à Montréal qu’à Rouyn-Noranda ou Gaspé en matière de temps, d’espace et de relations sociales. En effet, les contextes sociodémographiques et la structure de l’économie locale ne sont pas les mêmes, et l’apport et la composition des personnes issues de l’(im)migration, par exemple, peut varier grandement dans ces lieux. De plus, ces milieux sont traversés par ces lieux créés sur le Web et les représentations sociales pouvant s’y retrouver qui sont à leurs tours alimentées par les productions venant de la vie de tous les jours.
Quelques thèmes
Outre les relations entre (im)migrants et descendants de groupes ayant un ancrage historique plus ancien, dont les Premières nations, la question des représentations entre générations de personnes nées de parents (im)migrants est primordiale. Tout comme les interactions entre personnes issues de l’(im)migration arrivées lors de diverses périodes historiques au Canada et celles que ces personnes ont des autres.
- Représentations des relations avec et entre les diverses communautés.
- Les représentations dans le temps et l’espace.
- Les représentations médiatiques.
- Les représentations dans les lieux de rencontre.
Expertises
- Sciences sociales et humaines
- Économie et politique
- Sciences humaines
- Sciences sociales
- Communication
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