L'émergence du coronavirus nCoV-2019 nous rappelle que, malgré le développement d'antibiotiques au courant des huit dernières décennies, la lutte contre les maladies infectieuses continue et fait face à des nouveaux défis. Il est probable que le coronavirus est une zoonose (une infection ou maladie ayant ses origines chez des animaux), comme sont les pathogènes qui ont causés un bon nombre d'épidémies : l'Ébola, provenant des chauve-souris; le VIH, provenant de primates non-humains; et la rougeole, provenant des bovins ne sont que des exemples. Malgré les discours portant sur le "contrôle" ou la "maîtrise" de la nature par l'être humain, on doit plutôt continuer à réfléchir et comprendre les interactions et relations entre êtres vivants--humains et non-humains--comme le font les chercheurs et militants du mouvement "One Health." La biomédecine, avec ses approches mécaniques et hyper-atomisés de corps individuels, est limitée dans sa capacité d'aborder les maladies dans toutes leurs complexités. L'anthropologie et d'autres disciplines peuvent contribuer d'autres perspectives pour approfondir et nuancer les analyses d'épidémies et de pandémies.
On doit également être vigilants aux formes explicites et subtiles que peuvent prendre les tendances racistes et classistes en contexte d'épidémie et de pandémie. L'Asie (particulièrement la Chine) et l'Afrique ainsi que leurs populations sont particulièrement associés aux maladies infectieuses dans les médias et dans les représentations populaires, contrairement à l'Europe, malgré la transmission massive de maladies contagieuses par les européens pendant longues périodes de colonisation. Les maladies ont souvent l'effet d'accentuer les clivages et les inégalités existantes, surtout dans un contexte d"'urgence" ou de "crise". Nous devons rester vigilant pour s'assurer que les mesures pour contrer la propagation du virus sont efficaces et équitables.
Nous ne connaissons pas encore l'ampleur qu'aura le coronavirus, mais il est pertinent de se rappeler que l'influenza (grippe) cause en moyenne 3500 décès au Canada par année, surtout chez les personnes âgées ou des personnes ayant un état de santé fragile.
Pierre Minn